Îlot - Année 2 : Low-tech, écologie populaire, maison collective et... nouvelles recrues ?
Low-tech, maison collective, écologie populaire, modèles économiques partagés, groupe de théâtre autogéré, cuisine solidaire (et même un potentiel poste salarié sur les low-tech paysannes!) : en cette rentrée, et après une première année de lancement, on vous le dit : il y a de la place pour vous dans nos lieux de vie, nos modèles et nos utopies !
Pour celleux qui viennent de nous connaître, l’Îlot Vivant c’est un collectif de personnes déterminées à s’ancrer sur un territoire dans le temps long – la Vallée de Vilaine, au Sud Ouest de Rennes – dans l’optique d’y habiter des lieux de vie partagés, de s’émanciper et de faire grandir notre “pouvoir d’agir” individuel et collectif.
Et partant de là, l’Îlot c’est aussi une asso d’écologie sociale qui porte des expérimentations artisanales, low-tech, paysannes, et plus généralement des dynamiques militantes, conviviales et autogestionnaires sur ce même territoire.
Ce mois-ci, on va avoir un an. Un petit an pour passer de 2 types à un collectif de 10 jeunes femmes et hommes engagées, d’une caravane à 3 lieux de vie potentiels, d’un bout de hangar à cochon à un début d’atelier low-tech à la ferme, de 0 à quelques quelques 25K€ de budget (argh), d’une position de touriste à l’intégration et l’articulation avec un réseau de paysan-nes, d’artisan-nes, d’assos, d’élu-es, de collectifs.
Bon, clairement, on est encore des bébé-es militant-es / entrepreneur-es / paysan-nes, jeunes femmes et hommes naïf-ves parfois, blanc-hes et privilégié-es toujours, dispersé-es, petit-es rien dans les tempêtes du monde.
Mais ce qui est sûr c’est qu’on a la joyeuse envie d’apprendre, la puissance collective d’avancer, petit à petit, à coup d’utopies immenses et d’expérimentations pragmatiques. A coup aussi, souvent, d’appels à se rassembler, à nous rejoindre, à enfin tout lâcher, pour bricoler nos vies, pour dériver de nos trajectoires libérales, pour décider, chacun-e, et ensemble de ce qu’on veut apprendre du monde et tenter de lui rendre.
Parce que depuis ici, on pense qu’il y a des places à (re)prendre, des métiers à se construire et des trajectoires militantes à rendre possible. Et c’est, entre autres, à ça qu’on s’attèle en tentant de construire un collectif hybride, ambitieux, entreprenant, rejoignable, transformateur, militant, joyeux, et profondément pluriel et évolutif : à rendre possible, pour d’autres gens que nous, des trajectoires émancipées et engagées à nos côtés, selon une multitude de manières d’être en lien, de faire partie de l’Îlot, un peu, beaucoup, complètement, de manière alternée, en vivant là ou non…
Ces gens à qui l’on propose de “dériver leur trajectoire ici et maintenant” pourraient être, par exemple, des personnes ou des couples qui souhaitent se reconvertir vers des trajectoires d’engagement collectif mais qui ne se reconnaissent pas complètement dans la plupart des éco-lieux et voudraient trouver collectif plus engagé et ouvert. Iels pourraient être des jeunes militant-es, des travailleur-ses sociaux, des futur-es paysan-nes (…) qui ont déjà beaucoup couru le monde et aspirent à continuer leur engagement dans un collectif ancré. Ces personnes pourraient encore être des groupes d’ami-es indigné-es, mais dispersé-es, qui n’ont pas encore trouvé les moyens de se rassembler, et qui pourraient aimer s’intégrer à un/des projet(s) existant, pour bénéficier de l’ancrage déjà constitué sur un territoire, des infrastructures, des réseaux, des ressources, des utopies en cours tout en y apportant leur nouvelles idées, approches, savoir-faire, amitiés.
Ce gros pas de côté là – nous rejoindre et venir consolider d’autres formes de vie et d’organisation, qui soient joyeuses, indignées, sérieuses et bricolées – on le propose pas pour dans 1, 5 ou 10 ans. Pas en rêvant simplement. Non, non, non, en s’y mettant, en se remontant les manches, en s’organisant, aujourd’hui, demain, à cette rentrée là !
*** Les chantiers rejoignables et les places à prendre à la rentrée : low-tech, écologie populaire, cuisine et paysannerie solidaire ***
Trêve donc de grands mots, voici notre sélection 2021-2022 des différents types de « (ri)postes » qu’on propose à tous les intéressé-es ! Ils sont fonction des gros chantiers qu’on va lancer sur cette année 2 de notre petit Îlot et ont ceux sur lesquels il y a, entre autres, des places à prendre ! N’hésitez pas à cliquer sur chacun-e d’eux pour en savoir plus
Il s’agit de rejoindre les ingé-es bricolo-es de l’Îlot Vivant – Gaspard, Axel, Hélène, Phil principalement -, rassemblés sous le blason de “la Vilaine Fabrique”, projet d’atelier low-tech à la ferme. Pour faire court, iels fabriquent panneaux solaires thermiques, cantine mobile, murs en terre-paille, poêles de masse, turbo, rocket et j’en passe. A la rentrée iels vont commencer à structurer la filière réemploi et lancer le projet PALETT, financé par l’Ademe, dans l’optique de se pencher sur les “low-tech paysannes” (et suivre modestement nos modèles de l’Atelier Paysan).
Nouveauté dans l’îlot de bénévoles qu’on est pour l’instant : on va va sans doute pouvoir recruter un-e salarié-E sur ces activités à la croisée des low-tech et de la paysannerie ! Sur ce poste on aura une exigence plus forte que d’hab, en terme d’expériences en gestion de projet et en méca / ingénierie / bricole, voire en connaissance des techniques paysan-nes. Si ça pourrait vous intéresser, et que vous avez besoin de ce salaire pour vous engager à nos côtés, faites nous signe dès que possible et on en cause (il y aura pas mal de questions à se poser ensemble, mais si ça colle, les possibles sont ouverts) !
Et bien sûr, au-delà de ce poste salarié, tout le monde est le.la bienvenu-e, en bénévole au départ, avant de construire des petits modèles éco low-tech pour pérenniser nos engagements.
Précision : il n’y a pas besoin d’être un mec blanc pour être légitime à faire des low-tech.
Là ou les projets low-tech (et quelques autres dont on ne parle pas trop ici) sont déjà largement en cours, cette liste-ci de propositions de rôles traduit bien qu’il y a dans le chantier qu’on va présenter ici une dynamique ouvert et en lancement (mais qui s’inscrit dans une suite de réflexions et d’expérimentations menées depuis plusieurs mois).
Il s’agira d’initier une dynamique multi-partenariale, qui va largement évoluer et s’affiner au fil des rencontres, de création d’un réseau de lieux-écoles, pour vivre, expérimenter, s’indigner, se partager des savoir-faire et s’émanciper. Et pour pouvoir ensuite participer, grâce aux savoir-faire développés, à se construire des trajectoires de vie, modèles économiques alternatifs, et mouvements de lutte ou de solidarité à même de raviver nos territoires et nos communautés.
C’est un peu ce qu’on fait déjà de manière pour l’instant très informelle. On l’appelle parfois, quand on veut se la jouer start-up nation, notre fonction d’”incubateur” (arg). Mais un incubateur délibéral : qui dérive des trajectoires d’individus voués à l’individualisme et au marché, pour leur proposer la voie de la solidarité et de la puissance collective d’agir.
Spécificité de l’affaire ici, et défi ambigü pour les écolo-es bobo blanc-ches qu’on est de fait : ces lieux auront une ambition de diversité, sociale, féministe, décoloniale, et plus largement d’émancipation. Des personnes opprimées en quête d’émancipation, des lycéen-nes ou étudiant-es en quête de savoir-faire pratiques et d’engagement plutôt que de longues études hors-sol, peut-être même, à terme, des jeunes décrocheur-ses refoulé-es, et bien d’autres profils encore, pourraient s’y croiser, sur des sessions continues de 2 mois ou en alternance sur 2 ans par exemple. Iels arriveraient avec leurs lacunes, mais aussi les savoirs populaires, pratiques, vécus. Par des rencontres, visites, ateliers, stages auprès d’un réseau de personnes disposant de savoir-faire spécifiques, et surtout par le partage pair à pair et la mise en pratique sur des lieux d’expérimentation (et éventuellement d’habitation), iels pourraient partager et développer une multiplicité d’apprentissages.
Imaginons un instant un réseau qui rassemble et rendent accessible des apprentissages et expérimentations sur des “sujets qui importent” comme ceux-ci (et bien d’autres encore qu’on récoltera petit à petit) : soudure, confiance en soi, gouvernance partagée, boxe, écoféminisme, désobéissance civile, massages, architecture vernaculaire, pain au levain, philosophie de Spinoza ou pensée de bell hooks, hip-hop, ingénierie low-tech, couture, entrepreneuriat coopératif, conscience de ses privilèges oppressions, petit élevage, cuisine congolaise, agroforesterie… Des savoir-faire pour tous-tes et par tous-tes, mais aussi des projets et actions qui mobilisent ces savoir-faire artisanaux ou militant-es et permettent à chacun-e de trouver un revenu – par le développement d’une activité de restauration sur un des lieux ? – ou de faire bouger les lignes de nos sociétés – par l’organisation d’un groupe de discussion décolonial ?
Cela pourrait se faire à partir de 2 ou 3 (tiers-)lieux, dans lesquelles agiraient une multitude d’acteur-rices partenaires, avec chacun-e leurs ancrages et ressources propres et complémentaires : une ferme collective en campagne, un maison d’écologie populaire ou un centre social autogéré, dans un “quartier prioritaire de la ville”…
Bien sûr, y a un peu de boulot avant d’en arriver là. Il va falloir continuer de déconstruire beaucoup des formes d’oppression (et certainement la grande naïveté !) qu’on continue d’entretenir (malgré nos belles intentions), rassembler une équipe multidisciplinaire et multi-identités sociales, trouver des lieux (mais psst, on a des bonnes pistes dans le coin à moyen-terme), trouver plus de sous et des partenaires institutionnels (et insurrectionnels hihi), mener des enquêtes participatives auprès des (et avec les !) personnes concernées, cartographier les savoir-faire transmissibles et les personnes expérimentées sur le territoire…
Alors qui que vous soyez (les profils cités au départ ne sont que des exemples qui pourraient particulièrement bien coller), si ce début d’idée, et tous les possibles qui pourront s’y déployer, vous rend curieux-ses, on sera ravi d’en discuter plus ! On a des petits financements qui vont nous permettre d’organiser les premiers pas du projet, mais pas encore ici de subventions/modèles éco suffisants pour salarier une personne pour le moment – à court/ moyen-terme on aimerait peut-être pouvoir commencer par embaucher quelqu’un-e avec une expérience dans le “travail social”, outillée pour accompagner des personnes en difficulté. D’ici là, quiconque aurait une grosse détermination et voudrait, après échanges, se mettre à fond dans le développement de cette grande utopie, y a plein de pistes et modèles à imaginer pour pérenniser une implication sur le temps long !
A l’Îlot, la bouffe est partout : dans les modèles économiques des membres – la SCOP de boulange avec Benji et Sam, ou la transfo avec Lo et No -, dans les modèles éco collectifs – les pizzas du vendredi – et dans les projets associatifs en préparation : notre CIA à nous – pour Cantine Itinérante Animée – bientôt équipée de bilig à bois, qui pourrait être intégrée à un projet plus grand (“La Caravane Alimentaire Populaire” : cantine + four à bois + conserverie mobiles) si on remporte un appel à projet (réponse fin d’été) et qu’on parvient à trouver l’énergie pour y aller.
Sur ces derniers si quelqu’un-e, en plus d’être fan de cuisine, de transformation alimentaire, de paysannerie, avait la fibre à porter des projets multi-partenariaux entre Amap, paysan-ne, asso, étudiant-es et personnes précarisé-es, ça serait extra. L’idée est d’aller ensuite vers des enjeux d’éducation populaire, voire de “community organising”, via la nourriture, la convivialité, et peut-être ensuite les arts de rue, la fête populaire, l’urbanisme tactique… ?
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*** D'autres propositions : théâtre autogéré & cie ***
Enfin, au delà des 3 chantiers décrits précédemment, sur lesquels les formes d’engagement possibles sont pour la plupart assez exigeantes tout de même, on a aussi plusieurs propositions à faire à des personnes qui ne voudraient pas complètement lâcher leur vie de maintenant (même si nous on encourage vivement cette option à tous-tes celleux qui hésitent hihi) :
– L’une d’entre elles, c’est une proposition de venir participer à lancer un petit groupe de théâtre militant, joyeux et autogéré. Les contours restent à définir dans les semaines à venir (y compris avec celleux que ça intéressera) mais l’envie est la suivante : on trouve une salle sur Rennes ou dans une commune du Sud Ouest Rennes, on s’y rejoint une fois par semaine, on s’y organise des ateliers de théâtre (impro, classique, …), on sélectionne des textes qu’on a envie d’interpréter, de détourner, ou on en écrit d’autres! Et plus tard dans l’année, on se choisit des costumes, on se fabrique des décors; et si la scène nous démange: on se trouve des lieux pour jouer en public. Si ça vous botte, faites nous signe au plus vite, on s’y penche plus dans les jours et semaines à venir 🙂
– Une autre c’est la possibilité de venir se joindre à nous sur nos moments cuisines (sans se préoccuper plus que ça de toutes les dimensions décrites dans le chantier n°3) : si vous voulez juste être derrière les fourneaux de temps en temps, les vendredi après-midi pizzas peuvent être des moments pour venir contribuer, ou bien les nombreuses “fêtes” où on a prévu de sortir le four mobile : Fête des possibles (4 sept), Fête du Champ à l’Assiette (11 Sept), Zikmut Festival…
Et à côté encore, on a aussi milles autres sujets qu’il nous plairait bien de développer plus et pourraient rapidement trouver des formes de complémentarité avec ce qu’on construit déjà (même si à chaque fois, une réflexion sur nos objectifs et priorités collectives sera à mettre dans la balance) : danse / musique / chant, sylviculture, santé communautaire, semences paysannes, droit de l’urbanisme, féminisme…. A chaque fois, pas besoin d’être un expert-e dès le départ, juste d’avoir très envie d’y aller et se donner les moyens d’apprendre beaucoup et de s’auto-organiser.
Et bien sûr, dans tous les cas, pour une inclusion sur un gros projet ou juste sur une activité régulière dans l’année, on prendra le temps de se rencontrer, de discuter patiemment (avant et, le cas échéant, pendant un processus d’intégration progressif) pour imaginer ce qui est souhaitable pour chacun-e, les manières de rendre possible rapidement ce qui ne le serait pas encore, les besoins et les visions qu’on partage ou non (et on est pas obligé de tout partager), les exceptions, les cas spécifiques, et les invariants qu’on se donne… 🙂
*** Quelques (bonnes?) raisons de ne pas avoir tant besoin de salaire tout de suite pour sauter dans la barque ***
Ok, y a de la place, des besoins, des possibles ici, à nos côtés. Mais pourquoi est-ce que vous viendriez rejoindre, d’une manière ou d’une autre, notre petit Îlot, alors même que, à part possiblement pour le poste low-tech, on a pas d’argent à proposer ? Voilà quelques (bonnes ?) raisons de faire des choix sans être trop regardant-e sur le salaire (enfin sur son absence, oups).
Bien sûr on a conscience que nos réflexions, assez privilégiées, ne s’adressent pas tout à fait à tout le monde. On a conscience que quand on a des enfants, des responsabilités vis à vis de nos proches, ou juste moins de privilèges que nous, ce n’est pas aussi évident. Mais pour celleux qui, comme nous, n’ont pas encore ces responsabilités, c’est l’occasion de se rassembler, de dévier nos trajectoires, de réinventer des formes d’organisation sobres, solidaires et hybrides, non ?
Alors voilà : si on n’a pas forcément de salaire à proposer (sauf dans certains cas, car on est jamais catégorique, toujours hybride, sur les crêtes), c’est qu’on préfère “créer un terreau rejoignable” pour permettre à chacun-e d’y “construire son chemin”, plutôt que de simplement “prendre un poste”. C’est ce qui doit permettre aussi que les propositions qu’on fait s’ajustent au maximum aux situations : si plutôt qu’une personne seule c’est un collectif d’ami-es qui veulent nous rejoindre sur un projet particulier, ça pourrait bien sûr être possible aussi !
Mais vu que construire son chemin, c’est compliqué, l’idée pour nous est de proposer toute une variété de moyens, d’outils, d’infrastructures facilitant l’implication : lieux de vie rejoignables, véhicules, ateliers, outillage et lieux de travail mutualisés, jardin et groupement d’achat pour la nourriture, capacité d’investissement collectif (par l’association et, oui, les subventions), réseaux denses permettant des opportunités d’emploi à mi-temps, ou bien, modèles économiques individuels et collectifs permettant d’envisager de sortir du salariat.
Ainsi avant de penser à l’argent qu’on veut/doit gagner, on pense à celui qu’on aura pas à dépenser. A l’îlot, on se débrouille donc pour le moment pour proposer à celleux qui s’impliquent bénévolement à quasi temps plein sur les projets associatifs, et qui n’ont pas forcément envie d’avoir un appart à elleux, d’être logé-e sans avoir à payer de loyer. Ca impliquait jusqu’à là de dormir en caravane, mobilhome, cheap-yourte, mais on va maintenant avoir, grâce à la générosité de paysan-nes du coin, une maison en dur qui nous sera mise à dispo à la rentrée (on lance les petits travaux de “rafraichissement” cette semaine) ! Psst, du coup, si vous voulez une “vraie” chambre, c’est le bon moment pour nous rejoindre ;).
Ca fait qu’on demande à chacune des habitant-es une cotisation de 130€/mois pour l’utilisation des voitures collectives, la nourriture (vrac, bio, achetée en gros) et les charges de logement.
Pour info, un RSA c’est environ 560€ (et un service civique, dans notre cas, c’est 475€). Un SMIC et un loyer à 400€ ou un RSA et pas de loyer (ou bien un loyer pris en charge par le collectif et l’asso) c’est finalement pas si différent. La précarité sur le moment est donc assez relative, au vu de l’émancipation que cela permet dans nos choix d’engagement.
Et si on fait des calculs à la louche, ça laisse même de quoi économiser un peu pour demain, acheter la laine de mouton qui permettra d’être au chaud dans une yourte ou un jour, qui sait acheter une ferme collective à plusieurs (en économisant simplement 250€/mois pendant 10 ans, ça permet d’économiser 30K chacun-e ; à 10 ça fait déjà 300K).
Quant aux questions éthiques que ça pose eh bien… elles doivent se poser. Est-ce qu’on veut dépendre de la solidarité des autres, du RSA ? A chacun-e ses réponses. Ce qu’on peut dire simplement, c’est que certain-es d’entre nous considèrent que demander des mises à dispo de lieux et 500€/mois d’argent public, en échange de 40h ou 50h/semaine de travail “bénévole” en faveur de l’”intérêt général”, ca peut être conçue comme une forme de petite subvention publique permanente, ou revenu universel léger, qui n’est pas vraiment volée et qui permet, c’est vrai, des marges de manoeuvre intéressantes pour porter des dynamiques très expérimentales (celles-là même qui ne sont pas aidées par la plupart des subventions)..
Reste que d’un point de vue éthique, la question de notre “autonomie financière” et donc de notre véritable “émancipation” à moyen-terme se pose.
C’est pourquoi, collectivement, on cherche à développer des petits modèles éco collectifs (pizzas, conseil…). Et individuellement certain-es membres de l’Îlot ont des emplois à temps partiel (No à la traite, Lo au magasin), voire à quasi plein temps dans la phase de lancement (Sam et Benji pour le démarrage de la SCOP de boulange). D’autres ont des perspectives de tirer des revenus des activités associatives à moyen-terme (ex : via la fabrication et la formation pour les ingé-es low-tech). Une mutualisation des revenus individuels ou une redirection des revenus collectifs vers des membres pourrait même être envisagée pour permettre de rémunérer ou compléter le RSA des personnes qui en auront besoin, notamment lorsqu’elles travailleront sur des activités non rémunératrices mais qu’on jugerait essentielles.
Enfin notre petite aptitude à répondre à des appels à projet et dossiers de subvention (Ademe, Fondation de France, Rennes Métropole), ou bien à mobiliser l’épargne citoyenne, à tisser des partenariats avec des collectivités pour obtenir des lieux vacants (etc…), permet de disposer de ressources importantes pour monter des projets associatifs (et parfois professionnels) qui ont eux, besoin de ressources importantes. Là encore, des questions éthiques se posent légitimement. De notre côté on considère globalement qu’il peut être pertinent de ré-injecter les trop nombreuses ressources du vieux monde (argent, friches…) dans des expérimentations à visée de résilience sociale et collective.
Cet équilibre minutieusement bricolé, bâtard, hybride, bafouillant, se questionnant toujours, entre modèles éco collectifs, travail à mi-temps ou RSA, mutualisation et compression des dépenses individuelles, capacité d’investissement associative, n’est pas qu’une manière pragmatique de porter nos projets : c’est aussi assumer pêle-mêle qu’il faut en partie s’échapper du monde d’aujourd’hui tout en continuant à s’y tisser, que le collectif c’est la vie (hihi), que le fait d’”avoir besoin des autres” permet de créer des solidarités nouvelles, que n’avoir “pas grand chose” est source de créativité et de sobriété, que notre futur ne pourra pas être celui d’individus libéraux avec un travail ici, une maison là-bas, mais celui, à nouveau, de communautés de vie-travail tissées. .
C’est pourquoi on pense finalement que l’expérimentation et les “formes d’organisation bricolées” sont un chemin, non seulement souhaitable, mais aussi sans doute inévitable pour dériver nos trajectoires et raviver nos territoires. Tout l’enjeu devient donc de les penser, les organiser, patiemment, stratégiquement, pour les rendre empruntables et souhaitables pour plus de monde !
Alors, s’il y a des choses qui vous parlent et pourraient vous mettre en mouvement dans ce qu’on raconte, faites nous signe ici : ilot-vivant@riseup.net !
Merci de partager autour de vous, de relayer à vos proches et à tous-tes celles et ceux qui cherchent un territoire d’ancrage, une asso intégrale ou une trajectoire d’engagement convivial ! 🙂